Ivan Viripaev
Auteur
Ivan Viripaev est né à Irkoutsk en 1974 et a grandi dans un quartier difficile de cette ville de Sibérie orientale. « De mes amis d’enfance, plus aucun n’est en vie », dit-il, évoquant l’un mort du Sida, l’autre d’une overdose d’héroïne. « Je devenais simplement alcoolique », lance-t-il avec un humour décapant. Désormais, Ivan Viripaev ne boit pas, ne fume pas, suit un régime végétarien strict : l’auteur dramatique est devenu un ascète et le mot spiritualité est celui qu’il emploie le plus souvent. Après avoir gagné sa vie en faisant des petits boulots, il est arrêté dans le cadre d’une affaire à main armée et condamné à un an de prison avec sursis. « Le théâtre m’a sauvé d’une carrière de criminel pour une seule et bonne raison : le banditisme et le théâtre ont deux choses en commun : le romantisme et l’escroquerie ! » Après avoir fait le conservatoire d’Irkoutsk, Viripaev fonde sa propre compagnie en 1998. En 2000, il présente à Moscou sa première pièce, Rêves, au premier Festival de théâtre documentaire. La pièce est composée de six séquences (la Beauté, la Libération, l’Amour, Dieu, Nirvana, l’Enfer) représentant six rêves de six jeunes de sa province natale, six tableaux hallucinants bercés par l’ivresse de la drogue. Le succès est immédiat. En 2001, Viripaev fonde le « Centre de la pièce nouvelle et sociale, Teatr.doc », qui créera Oxygène, montée en français au Festival Passages à Nancy en 2005 et Génèse 2 au Festival d’Avignon en 2007. Viripaev estime à une quarantaine le nombre de mises en scène de ses pièces présentées à l’étranger mais il a pris conscience qu’en Russie, il avait une autre valeur marchande, au vu de la dextérité avec laquelle les trafiquants moscovites vendaient des billets pour accéder à l’un de ses spectacles… En Allemagne, Viripaev est considéré à la fois comme un praticien du théâtre qui écrit ses pièces pour les acteurs et sait exactement qu’un texte de théâtre ne commence à vivre que sur scène, et comme un styliste qui compose ses textes comme de la musique. Dans Génèse 2, Viripaev indique que le héros de la pièce est le texte. La langue est à la fois quotidienne et d’une violence vitale, les dialogues tragiques et comiques à la fois. « Quand j’écris une pièce, je la mets dans un tiroir et je la laisse reposer; je dois la laisser refroidir pour en rayer toute l’émotivité », confie-t-il. (...)