Affiche de La Visite
  • Paris, 75014
  • Du 02/06/2023 au 17/06/2023
  • Durée : 1h15
  • Tout public
  • À partir de 0 €
Ce spectacle n'est plus à l'affiche actuellement
La Visite - Texte et mise en scène Anne Berest - avec Lolita Chammah

Découvrir le spectacle

On pourrait faire des fromages au lait de femme. 

Une table basse, des fleurs éparses, et des peluches abandonnées dans leurs paquets… Le thé est servi et le nouveau-­‐né attend son lait. La jeune femme reçoit ses visiteurs, elle les prend à témoin de sa révolution. Parole directe et sans fard au public : être mère n’a rien du miracle annoncé. Elle traverse desétats contraires. 

Dans son hilarant delirium, elle interroge ce qu’on appelle « l’instinct maternel ». Elle convoque ses connaissances scientifiques, passe en revue le monde animal, de la tortue abandonnique à la lézarde qui dévore sa progéniture… Est-­‐il si merveilleux d’enfanter ? 

Romancière, scénariste, Anne Berest est l’autrice de nombreux romans dont Gabriële, coécrit avec sa sœur. À la demande de Lolita Chammah, qu’elle connaît depuis plus de vingt ans, elle écrit La Visite, monologue et invective, brûlot rieur et sans pudeur contre toutes les idées reçues relatives à l’instinct maternel et aux joies d’être maman.

Note d'intention

J’ai écrit ce monologue à la demande de Lolita Chammah que je connais... depuis maintenant presque vingt ans ! Nous nous sommes rencontrées toutes jeunes, Lolita était encore lycéenne - et nous nous retrouvons aujourd’hui avec nos vies de femmes et surtout de mères. Je trouve que cela a du sens, cette inscription de notre lien dans le temps.

Lorsqu’elle m’a demandé d’écrire pour elle un texte qu’elle porterait seule en scène, j’ai tout de suite eu l’image d’une jeune maman entièrement couverte de son propre lait. Pourquoi cette image étrange ? Je ne sais pas... mais il était évident pour moi que je devais aller vers la fébrilité de Lolita, vers sa flamme étrange et inquiétante. Ensuite, j’ai compris que j’avais besoin d’écrire sur la

maternité et sur les deliriums que j’avais pu traverser moi-même après mes accouchements.

En effet, après la naissance de mon premier enfant, j’ai eu pendant quelques heures ce qu’on appelle un « épisode délirant » durant lequel j’étais persuadée que ma fille et moi contaminées par un gaz invisible. Cela a duré toute une nuit et ce fut très éprouvant. Evidemment, ce moment de folie totale était l’expression de mon angoisse face à mon nouveau statut de mère. J’avais l’impression que la responsabilité que l’on me donnait, celle de s’occuper d’un nouveau né, était trop grande pour moi. J’avais l’impression d’être nulle et que je n’y arriverais jamais.

Je garde au plus profond de moi-même le souvenir de cette interrogation abyssale et d’une immense détresse face à mon nouveau rôle de mère. Mais je me dis aujourd’hui, avec le recul, qu’il y a avait quelque chose de comique dans cette situation délirante. C’est pourquoi je voulais que la parole de la jeune femme dans La Visite passe sans cesse de la colère au rire - avec une énergie parfois proche du stand-up. Certes, la jeune femme balance ses vérités salées aux spectateurs, certes, elle n’est pas timorée sur la remise en cause de l’instinct maternel - mais elle nous fait parfois éclater de rire - ce qui est à mon sens très important, car il faut bien aider la médecine à couler...

Au-delà de ma propre histoire, je vois de plus en plus autour de moi des femmes sans enfants, qui osent affirmer qu’elles n’ont pas envie d’en avoir. Et je remarque que la société juge sévèrement ces femmes-là. Tout se passe comme si, encore de nos jours, la femmes sans enfants était dangereuse ou subversive. Je me suis intéressée à cette question-là, dont la revendication est très forte aux Etats- Unis par exemple. Elles s’appellent les Childfree et s’interrogent sur la reconnaissance du droit à ne pas enfanter.

A partir de ces témoignages, j’ai imaginé une situation de visite à un nouveau-né - qui évidemment va vite devenir une arène, très loin des conventions sociales.

Distribution

Lolita Chammah

Équipe artistique

Théâtre 14

Théâtre 14
Théâtre 14
Théâtre 14
Nous avons maintenant une histoire commune faite d’accords et de désaccords, d’émotions et de rencontres, de souvenirs. Ces deux années ensemble nous ont fait construire le contour de cette seconde naissance, avec nos rêves et avec vous, vos retours, vos coups de cœur, nos sensations, nos envies de partage, avec ce temps passé ensemble physiquement ou virtuellement, avec ce que nous avons traversé ensemble de dureté, de violence du monde, de privation de nous voir et de la manière dont nous les avons transcendées, de la joie de nous retrouver et d’être plus forts que toutes les ombres qui ont parcouru cette réouverture. Nous avons construit notre histoire commune. Nous avons même un patrimoine commun fait de nos premières habitudes dont nos deux temps forts de rencontres en début de saison avec le ParisOFFestival et en fin de saison avec le désormais iconique Re.Génération. Ces temps de fête et de retrouvailles autour de propositions hors-les-murs sont maintenant notre tradition, notre patrimoine. La forme de la saison, elle, est un peu nouvelle. Forts de nos échanges, nous avons eu envie, après la profusion de l’année dernière, de nous rassembler, de nous recentrer, de construire une ligne forte à travers un nombre réduit de propositions que nous jouerons plus longtemps. Comme le troisième album, la saison 3 est celle de la maturité, un geste pur dans la désorganisation du monde. Choisir de ne vous présenter que dix spectacles a été le fruit de beaucoup de discussions, de sélections drastiques et injustes, et surtout d’un immense self-control. De sélection en sélection, de spectacle en spectacle, nous avons choisi dix projets magnifiques qui questionnent notre rapport à l’Histoire. Ainsi la saison 2022/2023 questionne notre rapport à l’Histoire, sur la manière dont nous la construisons, avec la proposition de Ludovic Lagarde Sur la voie Royale de la Prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek qui interroge l’ère Trump et son impact sur le monde, ou sur notre ami le capitalisme croqué par Georges Perec dans la mise en scène d’Anne-Laure Liégeois de L’Augmentation ; spectacle que nous reprenons cette année après avoir créé tant de frustration l’an dernier avec seulement cinq dates. Nous nous interrogerons également sur l’apport de la grande Histoire et son héritage, pour lequel nous convoquerons Eschyle, revenant d’entre les morts après deux annulations (en raison de vous savez quoi), que nous retrouvons enfin dans la mise en scène d’Olivier Py puis Romain Gary dont le magnifique Chien Blanc devient White Dog à travers le regard et les marionnettes de Camille Trouvé des Anges au Plafond. Enfin, il y a l’histoire personnelle où l’intime invite à traverser les grands mouvements de la société les rendant universels et vient donner corps à la grande Histoire. La question de la multiculturalité avec Nulle part est un endroit, en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, Nach viendra conter en mouvement son parcours vers un Krump universalisé et hybridé et avec Al Atlal, chant pour ma mère, où Norah Krief revient sur son héritage tunisien. Et la dénonciation de la violence du patriarcat à travers l’humour noir de La Visite où l’autrice et metteuse en scène Anne Berest transmet son histoire essentialisée dans son rôle de mère par la voix de Lolita Chammah et le tragique de Girls and Boys de Dennis Kelly, mis en scène par Chloé Dabert, récit glaçant de la violence d’un homme banal, et avec Herculine Barbin, premier récit d’une personne intersexe révélant toute la brutalité de l’assignation de genre, porté par la metteuse en scène Catherine Marnas. Et puis, il y a l’histoire que l’on oublie, de plus en plus régulièrement la maladie entre dans nos vies et vient bouleverser notre rapport à la mémoire, à ceux que nous aimons. Que reste-t-il quand ceux qui nous aiment nous effacent ? C’est la question que nous poserons avec On n’est pas là pour disparaître d’Olivia Rosenthal, mis en scène par Mathieu Touzé, qui nous rappelle à quel point l’histoire commune est un bien précieux.

Nous avons maintenant une histoire… Une grande joie nous parcourt au moment d’ouvrir ce programme de notre troisième saison, après cette expérience heureuse et merveilleuse d’avoir vu se dérouler de septembre à juin, sans annulation ni report, une saison entière avec notre nouveau costume de directeurs du Théâtre 14.

20 Avenue Marc Sangnier
75014 Paris