Affiche de On n’est pas là pour disparaître

On n’est pas là pour disparaître

Théâtre 14

  • Paris, 75014
  • Du 24/01/2023 au 18/02/2023
  • Durée : 1h15
  • À partir de 14 ans
  • À partir de 0 €
Ce spectacle n'est plus à l'affiche actuellement
L’histoire de Monsieur T., atteint de la maladie d’Alzheimer, qui, le 6 juillet 2004, a poignardé sa femme de cinq coups de couteau.

Découvrir le spectacle

La voix de Monsieur T. s’entrecroise avec celles de ses proches, des médecins et de l’autrice elle-même. Ce feuilletage de discours fait résonner, en chacun de nous, l’angoisse suscitée par l’oubli et l’effacement de la mémoire. Ces bribes de dialogues saisissent sur le vif le processus de dépossession de soi-même causé par la maladie d’Alzheimer et laissent entrevoir, dans cette perte, une possibilité de se réinventer.

L'acteur Yuming Hey est seul sur scène dans une atmosphère très blanche, très froide, presque médicale. On garde l'indétermination qui, dans le texte d'Olivia Rosenthal, fait écho à la perte d’identité. Le corps de l’acteur est traversé par ces voix qui le dépassent et qui, chacune à leur manière, cherchent à endiguer l’effacement. Un dialogue se crée au plateau entre l'acteur, la musique live de Rebecca Meyer, la vidéo de Justine Emard, la voix off et la lumière : elles le traversent et accompagnent de manière organique cette plongée vertigineuse dans la conscience de Monsieur T.

Notes d'intention

"J’ai rêvé du texte d’Olivia Rosenthal pendant le deuxième confinement. J’en ai

rêvé très clairement. Il s’est imposé à moi comme une évidence. J’ai vu Yuming Hey

sur le plateau. Je l’ai entendu dire ce texte et j’ai eu l’image très nette d’une

scénographie avec un, deux ou trois écrans vidéo. Au réveil, j’ai ressenti un sentiment

d’urgence. J’ai senti que j’avais besoin de créer ce spectacle et qu’il fallait le faire vite.

Après ces longs mois passés à jongler avec les annulations et les reports, j’ai éprouvé

plus que jamais la nécessité de revenir à la création.

Le lendemain, je suis tombé sur une création vidéo de l’artiste plasticienne

Justine Emard et j’y ai vu comme un signe. Son univers m’a immédiatement parlé

parce qu’il faisait écho aux images de mon rêve. Les silhouettes humanoïdes de sa

création « Soul Shift » m’évoquent le face-à-face d’un patient et de son médecin, mais

aussi ce processus de perte, d’effacement de l’humanité qui est au cœur du roman

d’Olivia Rosenthal.

Je travaillais à ce moment-là sur Une absence de silence, une adaptation de Que font

les rennes après Noël ?, et l’écriture d’Olivia, qui m’accompagnait quotidiennement, était

comme un refuge. Le travail sur Que font les rennes après Noël ? était parti de la phrase

de fin de On n’est pas là pour disparaître : « il l’efface / et il s’efface avec elle /d’être un

homme /c’est trop compliqué3 ». Cette phrase, ainsi que le titre du roman, résonnent

pour moi avec la place de la culture en ce moment. Dans ce contexte où le mot

« culture » n’est même plus prononcé dans les annonces du gouvernement, ce titre

nous parle très concrètement de la situation des artistes qui luttent depuis des mois

pour ne pas être oubliés.

Je veux travailler sur les niveaux de langage, sur ces voix qui s’entrecroisent

dans le texte d’Olivia. J’imagine un acteur, Yuming Hey, seul sur scène dans une

atmosphère très blanche, très froide, presque médicale. J’aimerais faire entendre la

dimension polyphonique de l’histoire de Monsieur T. en créant un dialogue entre

l’acteur, la voix off et la vidéo. Le texte d’Olivia fait résonner des voix sans les

identifier ou les nommer. Je veux garder cette indétermination qui fait écho à la perte

d’identité. Le corps de l’acteur sera traversé par ces voix qui le dépassent et qui,

chacune à leur manière, cherchent à endiguer l’effacement."

Mathieu Touzé

Distribution

Yuming Hey

Équipe artistique

Théâtre 14

Théâtre 14
Théâtre 14
Théâtre 14
Nous avons maintenant une histoire commune faite d’accords et de désaccords, d’émotions et de rencontres, de souvenirs. Ces deux années ensemble nous ont fait construire le contour de cette seconde naissance, avec nos rêves et avec vous, vos retours, vos coups de cœur, nos sensations, nos envies de partage, avec ce temps passé ensemble physiquement ou virtuellement, avec ce que nous avons traversé ensemble de dureté, de violence du monde, de privation de nous voir et de la manière dont nous les avons transcendées, de la joie de nous retrouver et d’être plus forts que toutes les ombres qui ont parcouru cette réouverture. Nous avons construit notre histoire commune. Nous avons même un patrimoine commun fait de nos premières habitudes dont nos deux temps forts de rencontres en début de saison avec le ParisOFFestival et en fin de saison avec le désormais iconique Re.Génération. Ces temps de fête et de retrouvailles autour de propositions hors-les-murs sont maintenant notre tradition, notre patrimoine. La forme de la saison, elle, est un peu nouvelle. Forts de nos échanges, nous avons eu envie, après la profusion de l’année dernière, de nous rassembler, de nous recentrer, de construire une ligne forte à travers un nombre réduit de propositions que nous jouerons plus longtemps. Comme le troisième album, la saison 3 est celle de la maturité, un geste pur dans la désorganisation du monde. Choisir de ne vous présenter que dix spectacles a été le fruit de beaucoup de discussions, de sélections drastiques et injustes, et surtout d’un immense self-control. De sélection en sélection, de spectacle en spectacle, nous avons choisi dix projets magnifiques qui questionnent notre rapport à l’Histoire. Ainsi la saison 2022/2023 questionne notre rapport à l’Histoire, sur la manière dont nous la construisons, avec la proposition de Ludovic Lagarde Sur la voie Royale de la Prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek qui interroge l’ère Trump et son impact sur le monde, ou sur notre ami le capitalisme croqué par Georges Perec dans la mise en scène d’Anne-Laure Liégeois de L’Augmentation ; spectacle que nous reprenons cette année après avoir créé tant de frustration l’an dernier avec seulement cinq dates. Nous nous interrogerons également sur l’apport de la grande Histoire et son héritage, pour lequel nous convoquerons Eschyle, revenant d’entre les morts après deux annulations (en raison de vous savez quoi), que nous retrouvons enfin dans la mise en scène d’Olivier Py puis Romain Gary dont le magnifique Chien Blanc devient White Dog à travers le regard et les marionnettes de Camille Trouvé des Anges au Plafond. Enfin, il y a l’histoire personnelle où l’intime invite à traverser les grands mouvements de la société les rendant universels et vient donner corps à la grande Histoire. La question de la multiculturalité avec Nulle part est un endroit, en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, Nach viendra conter en mouvement son parcours vers un Krump universalisé et hybridé et avec Al Atlal, chant pour ma mère, où Norah Krief revient sur son héritage tunisien. Et la dénonciation de la violence du patriarcat à travers l’humour noir de La Visite où l’autrice et metteuse en scène Anne Berest transmet son histoire essentialisée dans son rôle de mère par la voix de Lolita Chammah et le tragique de Girls and Boys de Dennis Kelly, mis en scène par Chloé Dabert, récit glaçant de la violence d’un homme banal, et avec Herculine Barbin, premier récit d’une personne intersexe révélant toute la brutalité de l’assignation de genre, porté par la metteuse en scène Catherine Marnas. Et puis, il y a l’histoire que l’on oublie, de plus en plus régulièrement la maladie entre dans nos vies et vient bouleverser notre rapport à la mémoire, à ceux que nous aimons. Que reste-t-il quand ceux qui nous aiment nous effacent ? C’est la question que nous poserons avec On n’est pas là pour disparaître d’Olivia Rosenthal, mis en scène par Mathieu Touzé, qui nous rappelle à quel point l’histoire commune est un bien précieux.

Nous avons maintenant une histoire… Une grande joie nous parcourt au moment d’ouvrir ce programme de notre troisième saison, après cette expérience heureuse et merveilleuse d’avoir vu se dérouler de septembre à juin, sans annulation ni report, une saison entière avec notre nouveau costume de directeurs du Théâtre 14.

20 Avenue Marc Sangnier
75014 Paris