Avignon - On a vu on a aimé

D’abord, un petit frisson devant le décor. Puis une vraie surprise en (re)découvrant les personnages. Des vieux souvenirs d'école qui remontent et un sentiment que ça c'était pas comme ça qu'on nous l'avait montré. Attendez mais on n'avait jamais eu cette impression de génie ? Ces rires, ces pleurs, ces émotions en rafale ? Et cette envie de les rejoindre sur scène pour danser avec eux ? On ne sait plus d'où ça vient. Du cerveau, des tripes ? D'un peu partout, sans doute !

𝑉𝑢 𝑝𝑎𝑟 𝐴𝑑𝑒̀𝑙𝑒

On la connaît tous, l’histoire du Petit Prince, on a tous un exemplaire du roman qui traîne quelque part à la maison. L’adapter sur scène c’est un peu quitte ou double : si ça ne colle pas bien avec l’image qu’on en garde, on est un peu déçu. Et bien, cette adaptation, allez-y les yeux fermés. Enfin non, gardez évidement les yeux ouverts, et puis vos oreilles aussi, pour laisser résonner en vous le rire du Petit Prince qui fait tellement de bien au cœur.

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Les rideaux s’ouvrent à peine, et on a beau n’être jamais allé aux État-Unis, parler 3 mots d’anglais, et surtout n’avoir aucune idée de ce à quoi ressemblait la vie des américains pendant la Grande Dépression des années 30, dès la première réplique, on se retrouve membre de la famille Joad. On vit avec eux, au rythme de la contrebasse, on ressent la crasse, la fatigue, l’odeur du lard qui grille dans la graisse et la survie sur le fil de quelques pennys.

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Un moment de danse, intense, survolté, pour une fin de journée Avignonnaise endiablé, est-ce qu’on a vraiment besoin d’en dire plus pour vous convaincre d’y aller ?

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Ouvrez bien votre Larousse, parce que votre définition du mot "héros" va changer après cette pièce. Est-ce que salir la mémoire d'un mort pour laver celles des vivants, c'est éthique ? Vous nous connaissez, chez nous, l'éthique, ça compte, mais là, on était plus capable de discerner le bien du mal, on ne sait plus où donner de la tête et juger la chute de la pièce ! Cette pièce va vous tordre les tripes et vous faire douter du sens de la justice morale, bref, c'est un petit plaisir coupable !

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Il s'est passé un truc bizarre avec La Voix d'Or. On est devenus fous. Plus ils donnaient, plus on en voulait. Que ça continue toujours. Que ça ne s'arrête jamais. Qu'ils chantent, encore, et nous fassent rire encore, et nous fassent rêver, encore.

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On associe trop souvent les alexandrins à la tragédie. Mais on ne saurait que trop vous conseiller ce petit bijou de comédie, qui mêle avec brio la merveilleuse langue de Corneille à une histoire fantaisiste qui devrait faire rire les grands comme les petits !

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On connait tous l’affaire Dreyfus, on sait qu’elle a divisé la France, déchiré les familles, déchainé les passions, mais la notre de passion, plus de 100 ans après, est-ce qu’on aurait pu imaginé qu’elle s’ébranlerait au côté d’Emile Zola à ce point aussi ? Oh que non, et c’est bien pour cette raison qu’on aime le théâtre.

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Franchement, Pauline Carton, on l'aurait eu en édito chez BAM Ticket, j'aurais perdu mon job. Ça balance des punchlines, ça rit à toute berzingues, ça met de bonne humeur, franchement, Pauline Carton, le sang de la veine un peu.

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On savait pas vraiment à quoi s'attendre. Et on va pas vous en dire trop. Parce qu'on n'a pas le level et que ce serait sans doute gâcher cette délicieuse fantaisie qui vous attend.

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On va être honnête : on pensait pas qu'on pouvait passer un aussi bon moment avec un spectacle sur Chirac. Non, vraiment, on n'est pas inscrit à son fan club ni membre de l'amicale des Chiraquiens. C'est juste que devant ce spectacle si inventif, rythmé et punchy - avec une légère dose de cynisme pour l'assaisonnement - on a applaudi Chirac tellement fort qu'on ne s'est pas reconnnus !

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On vous prévient tout de suite. Kessel, c'est pas vraiment un seul en scène. On est plutôt quelque part entre un film d'action et le carnet de voyage . Parce que raconter Joseph Kessel, c'est prendre un billet pour ailleurs. Température à bord : ébullition créative. Vitesse du vaisseau : aussi rapide que votre cœur qui bat la chamade. Turbulences inévitables au fil du récit (mais c'est ça qui est bon !). Bouclez votre ceinture : c'est partiiiii !

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Hépatik Girl, c'est un peu un nom de super-héros, et ça tombe bien, car ce spectacle c'est comme dans un parc d'attractions : vous glissez sur un toboggan qui vous emmène ailleurs à chaque virage, qui dérape de souvenirs en souvenirs, de personnage en personnage, d'émotion en émotion, dans une descente effrénée, vibrante et touchante où l'humour et la résilience résistent encore et toujours à l'envahisseur : un microbiote récalcitrant !

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On aurait pu laisser notre révolte gronder, on aurait pu nous lever de notre siège et hurler, on aurait même pu monter sur scène pour casser la gueule aux bourreaux, oui, on aurait pu le faire. Mais on est restés paralysés par l’impuissance et le dégout, écrasés par l’injustice. C’est elles qui nous ont sauvés, leur courage, leur dignité et leur volonté de vivre ont réussi à transformer toute notre colère en profonde admiration.

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On croit que ce sont des affiches trop colorées ou des titres à triple sens dont il faut se méfier à Avignon, mais pas du tout ! Vous n'avez jamais pratiqué la pêche aux classiques ? Vous ne savez jamais vraiment ce qui va mordre. Et ce Misanthrope-là, croyez-nous, c'est l'une de nos meilleures prises. Et comme tout bon pecheur qui se respecte, nous aussi on le crie sur tous les toits. Qu'on a le meilleur spot. La meilleure trouvaille. Le plus beau poisson.

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En y allant, nous-mêmes, on n'y croyait pas vraiment. Diderot n'est pas vraiment notre livre de chevet et on préfère souvent taire notre note en philo au bac. Et pourtant. Pourtant, ce spectacle nous a fait croire que c'était à notre portée. Ce n'est plus de l'éloquence. C'est une arène. C'est un match de ping pong, de ceux où on ne voit pas la balle, de ceux où c'est le coup qui compte. Et franchement, on était à deux doigts de mouiller le maillot, nous aussi.

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Désolés d'avance à tous les Georges de votre entourage. Celui-ci risque de prendre la place de n°1 dans votre coeur.

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On a vu un match de boxe. On les a vus changer de gants à chaque round. On a compté les points. On est passé par toutes les états. On a eu le coeur qui se serre et des étoiles plein les yeux. On a eu l'espoir d'une issue favorable. On a eu la crainte d'une défaite imminente. Et puis on a applaudi, très fort, ce match plein d'amour(s).

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On ne savait pas qu'un jour on parlerait avec autant d'enthousiasme d'un spectacle qui nous avait gonflé. Il faut dire que c'est rare qu'on sorte aussi gonflé de fierté, de courage, de joie et d'envie de vivre ! On a doublé de volume, c'est vrai, mais c'est pour mieux dévorer la vie à pleine dents. On est gonflé à bloc, et pas prêt de nous dégonfler !

𝑉𝑢 𝑝𝑎𝑟 𝐺𝑎𝑙𝑎

On n'est personne pour dire quel personnage est le plus proche de la normalité dans ce spectacle. Par contre, on est spectateur depuis suffisamment longtemps pour pouvoir dire que ce qui se passe sur scène, ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal que tous nos organes tombent au fond de notre ventre dès qu'ils échangent une parole. Ce n'est pas normal d'avoir la chair de poule lorsqu'ils se frôlent les mains. Ce n'est pas normal d'avoir l'impression d'entendre ce qu'ils se disent à travers un simple regard. Ce n'est pas normal de mettre autant d'humain dans des personnages.

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On aurait été devant la télé, on aurait zappé. Heureusement, au théâtre, il n'y a pas de télécommande. Ça nous a évité de passer à côté de cette famille délirante, montée sur ressorts - et qui d'ailleurs aurait tout à fait eu sa place dans une télé réalité pour y caser ses meilleures punchlines ! A vous la zapette, à vous les studios, plus qu'à vous installer confortablement, c'est parti !

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Quand on est sorti, on n'était pas vraiment sûr d'avoir aimé. Mais on a cette sensation qu'on va porter longtemps en nous ce texte, ce spectacle, ces personnages, ces amours qui se transforment en violence, ces insultes, ces ravages, ces tourments, ces douleurs. Peut-être qu'une fois qu'on l'aura digéré, on saura vraiment comment on le situe. Pour l'instant, il est en nous. Il va falloir du temps.

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