Elfriede Jelinek
Fiche Artiste

Elfriede Jelinek

Auteur

Elfried Jelinek, née en 1946 en Styrie (Autriche), est l’une des voix les plus puissantes de la littérature germanophone. Auteure d’une œuvre inclassable par son audace langagière et stylistique et sa virulence politique, l’écrivaine a grandi dans “une sorte de schizophrénie familiale qui s’est installée entre un milieu athée engagé à gauche et [une] bourgeoisie catholique,” mais aussi entre un père malade mental et une mère dominatrice qui contrôle chaque minute de son emploi du temps. “Dès l’âge de sept ans, ma journée débutait à six heures du matin et elle se terminait à dix heures le soir. [...] Je devais non seulement faire mes devoirs d’école mais également travailler mon instrument. Et un seul instrument ne suffisait pas. Il en fallait cinq. A quoi venaient s’ajouter la musique de chambre et l’orchestre.” La musique gardera une influence décisive sur sa façon de “composer” un texte. Après son Abitur en 1964, elle entreprend des études de théâtre et d’histoire de l’art à l’université de Vienne, mais sa soudaine liberté de jeune étudiante l’expose à des crises répétées d’agoraphobie. Elle reste enfermée chez elle près d’un an, période pendant laquelle elle commence sérieusement à écrire -- d’abord des poèmes, puis de la prose. Elle accède à la notoriété dès ses premiers romans, publiés au début des années 70. Ses engagements, ses prises de positions souvent polémiques, font très vite d’elle l’une des personnalités publiques les plus controversées, souvent détestée dans son propre pays. Son audience devient internationale à compter de 1983 avec la publication de La Pianiste (adapté au cinéma par Michael Haneke en 2001). Son œuvre d’une extrême diversité (dramatique, romanesque, lyrique) lui a valu les distinctions les plus prestigieuses, parmi lesquelles, outre le Prix d’Excellence de la ville de Vienne (1989), le Prix du Théâtre (Berlin, 2002), le Prix Nestroy (Vienne, 2013), ou le Prix de la ville de Mülheim, qui récompense la meilleure œuvre dramatique de l’année (2002, 2004, 2009, 2011), les Prix Heinrich Böll (Cologne, 1986), Peter Weiss (Bochum, 1994), Walter Hasenclever (Aix-la-Chapelle, 1994), Georg Büchner (1998), Heine (Düsseldorf, 2002), Stig Dagermann, Lessing ou Franz Kafka – ces derniers décernés en 2004, l’année où Elfriede Jelinek reçoit le Prix Nobel de littérature.